Je donnerai de mes nouvelles

Joelito PIECK romans nouvelles

6h30.
Café.

Les infos.
Des vraies, des fausses, des incohérentes, des anxiogènes.
Café.
Téléphone, réseaux sociaux.
Café.
Infos sans intérêts. On va tous mourir bientôt.
Téléphone.
Pas d’zamis cette nuit.
Café.
J’ai cette histoire dans la tête depuis 2 jours.
En fait depuis plusieurs mois.
Elle est là, la fin n’est pas exacte, mais j’ai l’histoire.
Pas encore sûr d’où ils finiront dans cette histoire.
Café, il faut que je démarre.
J’ouvre l’ordi.
Baisse de tonus. 7h20. Je ne suis pas prêt.
Pourtant j’ai l’histoire.
Je verrai demain.
Je retourne au lit.
7h50.
Debout.
Ordi.
12h20.
C’est ok, elle est superbe !
Je suis vidé, je vais aller prendre un café en terrasse.
Elle est sortie toute seule cette histoire.
Tête de zombi jusqu’à mon bistrot préféré.
Passe sanitaire, mon bistrotier qui s’excuse, moi je le rassure.
Café.
Une toute jeune fille sur la chaise à côté.
Sourire accueillant.
Mots de politesses et convivialité.
Elle a un livre à la main.
— vous êtes lectrice ?
— oui un peu
— j’ai écrit une nouvelle ce matin, ça se lit en dix minutes.
Vous voulez la lire et me donner vos critiques ?
— pourquoi pas
— moi je papote un peu avec le patron
— ok
…
…
— c’est carrément géant votre histoire !
— ça vous a plu ?
— ben oui, elles sont dingues les filles !
Vous vous appelez comment Monsieur ?
— ça, ce n’est pas grave. Je vous offre votre café.
Merci pour votre lecture.
À bientôt, ce n’est pas grand ici, on se recroisera.

Je suis toujours étonné et honoré lorsque
mes productions plaisent aux jeunes hommes et femmes.
Probablement ma peur du temps qui passe si vite.

Cette nouvelle, en 2 500 mots, de ce matin-là,
est la première que je livre dans ce recueil.
Elle s’intitule :

C’est mon métier

Il y a un jeu et un exercice dans ces nouvelles.
Et surtout, elles sont cruelles.
Le jeu, c’est 2 500 mots, précisément,
pour raconter une histoire.
Environ dix minutes de lecture.
Bien.
Et j’ai pris le parti de raconter la vie.
Celle des faits divers.
Mais la vie de celui qui vit le fait divers.
Et lorsque l’on a cette vie,
rapportée en trois lignes dans la rubrique des journaux,
ce peut être brutal, très brutal.
Que la vie peut être noire, pour certains, à certains moments.

Et souvent, plus je vois les hommes, plus j’aime mon chien.

Et si vous avez des émotions fortes
à la lecture de ces nouvelles,
alors j’en serai bien heureux. C’est le but !